Et ces rencontres de la photo, alors ?
mercredi, 22 juillet 2009
40 ans de rencontres, 40 ans de ruptures, 60 expos : les Rencontres de la photo, à Arles, demanderaient plus de trois jours pour être véritablement appréciées. A moins de tout faire au pas de charge.
© Willy Ronis
Certes, j'ai aimé l'expo consacrée à Willy Ronis. Pas de surprise, avec un tel photographe, je connaissais déjà pas mal des images présentées. Bien sûr, j'ai apprécié aussi la rétrospective consacrée au travail de Robert Delpire, déjà évoquée ici.
Mais mon véritable coup de coeur aura été pour les oeuvres de Lucien Clergue, exposées à l'abbaye de Montmajour. Déjà, il y a le lieu, excentré, et ces vieilles pierres qui en ont tant vu passer. Un cadre idéal pour ces images mêlant nus, tableaux de musée et tauromachie. Pas de logiciel, pas d'autre intervention qu'un savant bidouillage à l'ancienne, tout argentique : on rembobine, on cale, on obtient une seconde image en surimpression. Virtuose.
Archives Xavier Lambours
Et puis il y a les immenses anciens ateliers SNCF, un cadre brut, à l'esprit industriel qui fait un peu figure de fourre-tout des Rencontres.
On y trouve une expo célébrant les 40 ans, avec pas mal de photos "off" des personnalités qui ont fait des Rencontres ce qu'elles sont. Des images s'apparentant plus à des photos de famille qu'à une quelconque expression plastique. Les organisateurs se sont sans doute fait plaisir.
Pour le visiteur, l'intérêt demeure anecdotique, même si j'aime beaucoup cette performance réalisée en 2007 par Lin Bolin.
En fait, à Arles, je n'ai rien vu de Nan Goldin, faute de temps pour me poser devant ses présentations audiovisuelles. Mais j'ai visité à l'atelier de mécanique l'expo "Ça me touche, les invités de Nan Goldin" consacrée à 14 photographes dont elle apprécie le travail et dont elle a supervisé la scénographie. En préambule, Nan Goldin explique qu'elle-même ne peut dissocier les images des sons et qu'elle a longtemps porté peu d'intérêt au travail des autres photographes, partant du principe qu'à peu près n'importe qui est capable de faire de la photo, qu'il suffit d'appuyer sur le déclencheur (je caricature à peine, c'est ce que j'en ai retenu). Et puis son regard a évolué, elle a découvert des sensibilités qui lui parlent, lesquelles font l'objet de cette exposition au contenu pas mal trash, loin de faire l'unanimité.
Dans le livre d'or, des hauts cris, à l'exemple de ce visiteur qui s'insurge contre le travail de Leigh Ledare. Ce trentenaire a réalisé des dizaines de clichés de sa mère, notamment dans des situations très intimes en compagnie d'un amant de l'âge de son fils. Qui est le plus pervers, se demande le spectateur en question, le fils ou la mère ? Tout ça me semble assez convenu, au sens d'une provoc' facile, possiblement perçue comme l'un des ingrédients incontournables de rencontres de la photo réussies ?
Sex, drugs &... pas tant que ça rock n' roll, finalement.
© Jean-Christian Bourcart
Des amis de Nan Goldin, me restent tout de même "l'accrochage" en vrac de David Armstrong, photographe manifestement très amateur de jeunes éphèbes et la plongée de Jean-Christian Bourcart à Camden, New Jersey. Pourquoi Camden ? Parce que c'est le nom qui est apparu quand il a tapé sur Google "ville la plus dangereuse des Etats-Unis". "J'aurais pu taper ville la plus pauvre et le résultat aurait été le même," précise-t-il. Son périple, raconté par ses images accompagnées de notes manuscrites, fait froid dans le dos.
De ma visite aux ateliers me resteront aussi les clichés de Rimaldas Viksraitis. Il photographie les habitants alcooliques d'un village de Lituanie Sans doute tout aussi sordide que l'univers de Camden, mais avec en prime un certain humour distancié.
Les jeunes mariés, Paris, 1961. © Léon Herschritt
Un autre coup de coeur particulier : le travail mené dans les 60's par Léon Herschritt, que je ne connaissais pas.
19 commentaires
bé putaing. tout ça?
waouh quoi, ça en fait des trucs à commenter. (du coup, je me tais)
Merci.
J'ai eu l'impression d'y être un peu allée grâce à toi !
Waouw, ça a dû être intense comme visites..... et t'as trouvé le temps d'aller à la piscine !! Ronis, même si déjà connu, déjà vu, je crois que si j'avais eu l'occasion, en effet, je n'aurais pas raté l'expo :)
En tout cas, je te félicite pour ton billet synthétique et tes avis.... Pas évident de donner son avis sur une expo photo, ni plusieurs d'ailleurs.... Je te bravotte !!!
Oui, c'est du tout du feeling avec la photo, je ne vois pas le dialogue autrement qu'avec l'affectif ! C'est peut être pour ça que je suis allergique à LaChapelle !?
En tout cas, merci pour la balade ;)
Y'a quand même que toi pour nous sortir un billet aussi brillant et fouillé entre deux yahi-yahoo-regarde-comment-j'ai-customé-mon-boyfriend-jean. Oui que toi. C'est pour ça que je t'aime, petit blog d'amouuuur.
Hummm, 40 ans, ça se fête ... Belle synthèse ! Tu as trouvé les sorbets ?
Ça se confirme: j'irai l'année prochaine !!!
Merci pur le partage !
Rose.
Martin Parr, moi il m'enerve, on l'a vu partout, le Youké n'en peut plus (enfin surtout moi!!). Sinon en parlant de Youké, si tu gagnes pas le concours ca peut toujous s'arranger un breakfast if you see what I mean.. :)
La photo peut vraiment être un grand art ! Certaines sont de purs chef d'œuvre ! Je crois que je vais faire des recherche sur certains noms que tu cites, j'en connais si peu finalement !
J'adore, chaque photo m'interpelle et me donne envie de l'observer en détail, savoir ce qu'il y a derrière, une super expo !
De bien beaux clichés comme on aimerait en voir plus souvent ! :D
rhaa Willy Ronis ! Cette série est incroyable de modernité. Elle me fait par ailleurs aussi penser à Jacques-Henri Lartigue .
@Camille : ouais, tout ça ! C'est en rédigeant le billet que je me suis rendu compte que ben oui, quoi, quand même.
@Maï-Thy : alors j'ai réussi à faire ce que je voulais faire !
@Mariga(z) : je me suis lancée un peu vite, en me disant que je n'étais pas Catherine/ Parismages, donc merci !
@Zab' : ben toi, alors !
@Catherine : eh non, j'ai googlelisé mais rien trouvé. Ce sera pour quand j'y retournerai !
@Rose : je te recommande le voyage. En vrai.
@Baraginie : mmmmmmmh, mais tu sais que tu es so sweety ?
@Océane : ça vaut le coup de creuser !
@Aude Nectar : la photo est multiple, et Arles en rend bien compte.
@Manu : ben j'en recauserai !
@Rosemary : c'est vrai, d'ailleurs Lartigue est un de mes photographes préférés. Avec, encore plus anciens, Atget et Nadar. Un côté nostalgique, peut-être ?
J'ai trop hate d'aller voir ca. Toujours des chocs esthétiques de fous. Par contre, je lierai ton article plus tard, je préfère garder les surprises!
Je creuse, je creuse :) Dans le GQ d' Août il y a des pages sur John Rankin. Pas mal.
Je te laisse, je reprends ma pelle ^^ !
@Jul : tu repasseras nous dire !
@Océane : vais voir ça !
J'ai hâte d'aller voir les photos de Nan Goldin et Martin Parr!!!
En effet, c'était intense...
Martin Parr, passant des bidochons au luxe, le sujet devait être pourtant appétissant... Et puis finalement, ça devait être moins intéressant ou moins drôle... Et pourtant il y a une tache de champagne sur la robe en satin de la fille dodue.
C'est su-per.
J'adore la photo avec de chat. C'est fabuleux.
Belle visite alors? J'aime tout!
Les commentaires sont fermés.