jeudi, 06 décembre 2007
Aux bras de Nancy Cunard
Un peu comme pour ma note sur les années 40 revisitées dans les 70's, voilà des semaines que je mûris mon billet sur les bracelets. Tout est parti de la Fashion week, lorsque j'ai pris conscience sur le blog de Coco que les bracelets tintinabulants (ces mêmes bracelets qui murmurent aux pieds de Couleur Café, selon Gainsbourg) allaient revenir en force. Pour preuve, ci contre et ci-dessous, chez Christian Lacroix :

Une photo m'est revenue en mémoire à ce moment précis, celle-ci :

Il s'agit de Nancy Cunard, photographiée par Man Ray, dans les années 20. Cette photo me fascine depuis longtemps. Par sa modernité, mais aussi pour la personnalité que dégage cette Nancy. D'elle je n'ai jamais su grand-chose, cependant. J'en étais donc toujours là de ma note, quand est arrivé le magnifique numéro de Vogue de décembre, avec Charlotte Gainsbourg en guest-star. Vers la fin du magazine, elle est là, Nancy Cunard. Avec cette autre renversante photo.

Et toujours ces bracelets. Désormais, grâce à Charlotte, qu'elle "fascine", j'en sais un peu plus sur cette femme hors du commun. Rien que l'accroche du papier de Nelly Kaprielian pour Vogue et on a déjà le tournis : "Poétesse, amante d'Aragon, Tzara, T.S. Elliot, découvreuse de Beckett, modèle de Brancusi et Man Ray, muse de Pablo Neruda, amie d'Hemingway et Picasso, milliardaire engagée pour la cause des Noirs et contre le fascisme..." Sa biographie est récemment parue aux Etats-Unis, et vraisemblablement, elle décoiffe : "Des hommes il lui en pleuvait dans les bras tant qu'elle voulait - et elle en voulait, et elle en a voulu, jusqu'à sa mort en 1965, à 69 ans (ses amants avaient alors 25 ans...). Et elle les trompa tous, peut-être aussi addict au sexe et à la séduction qu'elle le fut à l'alcool, qu'elle consommait par avalanches mais sans aucun laisser-aller, toujours hiératique dans ses manières aristocratiques et les robes Poiret, Worth et Vionnet que sa mère, la richissime Lady Cunard, lui donnait et qu'elle ne manquait pas de paratager avec ses copines "flappers" dans le Paris des années 20." L'article évoque aussi Aragon, qui tenta de se suicider à la fin de leur histoire en 1928 et écrivit pour elle ses plus beaux poèmes, ainsi que le reconnut même la pourtant grande jalouse Elsa Triolet. Nancy Cunard tourna le dos à sa famille pour le musicien de jazz noir américain Henry Crowder, pour qui elle quitta Aragon. C'est à lui qu'elle dut de passer du statut de muse sophistiquée à celui d'activiste politique. Consumée par l'alcool et ses idéaux de liberté déçue, elle sera retrouvée par la police, dans la rue, squelettique, inconsciente et la tête fracassée, le 13 mars 1965. Ni sa famille, ni Beckett, ni Aragon, ni aucun de ses célèbres amants ne sera présent à ses funérailles.
Soit Tout ça n'est finalement pas bien gai. Et ses bracelets, alors ? Ses fameux bracelets étaient d'ivoire africain. Elles les accompagnait de turbans.

Nancy Cunard ne portait pas seulement les bracelets à merveille. C'était aussi une adepte du blouson de cuir, en témoigne cette photo prise à Harlem en 1932. Laquelle se passe de commentaire.

En vue de l'arrivée de ce printemps, j'ai commencé à rassembler les bracelets. Je sais, ils ne sont pas d'ivoire africain et même en les démultipliant dans un miroir, je suis encore très loin du compte.


01:15 Publié dans Ca me dit quelque chose | Lien permanent | Commentaires (36) | del.icio.us |
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Commentaires
Écrit par : valentinev | jeudi, 06 décembre 2007
Quand je regarde cette photo, cela me rappelle cette citation que j'adore, de Coco, "la mode se demode, le style jamais"
Écrit par : floinnyc | jeudi, 06 décembre 2007
j'ai vu aussi l'article de Vogue. Quelle vie, quel destin ! La photo au blouson de cuir est ma préférée.
Très bonne journée.
Écrit par : Catherine | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : anna | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : M1 | jeudi, 06 décembre 2007
En revanche, ce look vintage lui plairait plus, sans aucun doute ... et à moi aussi !
pour les bracelets, juste éviter le bling-bling... les tiens sont très jolis !
Écrit par : mariga(z) | jeudi, 06 décembre 2007
Merci de me l'avoir fait découvrir. Je crois que je vais me procurer sa bio histoire d'en savoir un peu plus sur ce destin de femme.
Écrit par : misschanel | jeudi, 06 décembre 2007
Et les bracelets, quelle grâce! Tu as bien raison de t'approprier ce look, c'est magnifique. Moi, je peux pas, incompatibilité avec mon métier... alors que, quand j'étais étudiante, je me balladais toujours avec une floppée de gros bracelets en argent ciselé achetés en Inde: j'adorais.
Par contre, ma Frifri, je t'en conjure, même si tu en trouves des en ivroire: ne les achète pas. J'ai vu de mes yeux le massacre que provoque le marché de l'ivoire en Afrique, c'est révoltant, il ne faut pas cautionner ça, quand bien même ce serait ce qu'il y a de plus beau pour des bracelets ;)
Écrit par : benetie | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : M1 | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : dyns | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : benetie | jeudi, 06 décembre 2007
Bon, je vais chercher au fond de mes tiroirs, mes bracelets en ébène et ceux en ivoire qu'on m'avait ramenés d'Afrique.
Écrit par : CECILE | jeudi, 06 décembre 2007
Sinon je me fais taper si je dis que nancy, certes a la un look de la mort qui tue mais moi elle me fait un peu peur?
Écrit par : Cily | jeudi, 06 décembre 2007
@Floinnyc : oui, je crois qu'on peut penser à Chanel, en regardant Nancy !
@Catherine : je ne connaissais pas cette photo. Quelle classe ! Et quelle claque !
@Anna : ça me plaisait de parler de Nancy au lendemain de la peoplelette ELLEsque. C'est autre chose !
@M1 : tu sais que tu causes bien, comme gonzesse ? ;-)
@Mariga(z) : les miens ne bling-blinguent pas trop, heureusement.
@Misschanel : dans le genre, une autre ex de Man Ray, c'est Kiki de Montparnasse. Ce sera pour une autre note !
@Benetie & M1 : je n'avais pas l'intention d'acheter des bracelets en ivoire, d'ailleurs ma photo le montre je crois, ce sont de vulgaires bracelet de bois et de plastique, les miens ! Je suis une sorte de Nancy Cunard au petit pied. Pardon, au petit bras. Cela étant, je pense comme Benetie que parallèlement aux circuits réglementés, toutes les dérives restent à craindre. Dans le doute, je m'abstiens...
@Dyns : t'aimes pas, le murmure des bracelets comme il a dit le grand Serge ?
@CECILE : tu seras top, tu fais péter une photo ?
Écrit par : Frieda l'écuyère | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : Frieda l'écuyère | jeudi, 06 décembre 2007
Une autre de Nancy
http://theuglyearring.files.wordpress.com/2007/09/nc.jpg
Vie tumultueuse :
Nancy Cunard, héritière de la célèbre Cunard Line, est née en 1896.Grâce à sa fortune, elle s’installe en France en 1920, oubliant un mariage aussi rapide que malheureux.
Nancy Cunard écrit des poèmes et des pièces de théâtre et, au cours de ses errances, tombe sous le charme d’Aldous Huxley, auteur de célèbres livres dont « Le meilleur des mondes ». Amours orageuses et sans lendemain. Au grè de ses envies ou de ses amants, elle s’installe successivement dans les endroits à la mode, d’abord à Paris à l’hôtel Ritz puis à Boulogne-sur-mer, l’île Saint-Louis, BIARRITZ et à Deauville.Toujours au grè de ses humeurs, brèves rencontres avec Tristan Tzara (fondateur du dadaïsme), Georges Moore, Norman Douglas... et Louis Aragon. C’est avec Aragon qu’elle s’installe, en 1927, à La Chapelle-Réanville dans la maison qu’elle rebaptise «le puits carré». Elle y restera pendant les dix années les plus riches de son existence.
Les dépendances aménagées deviennent le lieu de rencontre du surréalisme. Flot de visites ininterrompu : Solita Solano, Janet Flamer, René Crevel, Georges Sadoul, John Banting, Paul Eluard, Max Ernst, André Breton,tous les surréalistes dont elle est l'égérie.. mais également des amis anglais comme Harold Acton, John Banting, William Bird, un célèbre journaliste américain…
En 1928, Nancy Cunard fonde même une maison d’édition « Hours Press ». Elle installe une énorme presse à bras.Le premier livre paru au "puits carré" : un rapport de Norman Douglas sur les carrières de pierre des Iles Lipari, en 80 exemplaires. D'autres ouvrages suivront :une traduction, réalisée en moins de cinq jours par Aragon, d’un des livres de Lewis Carrol, « La chasse au Snark ». Puis, un recueil de poèmes toujours d’Aragon et des livres pour les causes qu’elle défend : celles des noirs et un mouvement antifranquiste. En 1929, elle allait avoir 34 ans, plutôt que d’affronter un nouvel hiver, décida de transporter Hours Press à Paris
Pendant la dernière guerre mondiale, la maison est d’abord occupée par les Allemands, puis semble-t-il, pillée par les habitants du village. Devant ce désastre, après un classement sans suite de la plainte qu’elle a déposée, Nancy Cunard, désespérée, vend la maison et se réfugie en Dordogne au printemps 1950.
Depuis longtemps, «pour les yeux d’Elsa», Louis Aragon est parti.
Nancy Cunard poursuit ses collections : amants, livres, bouteilles d’alcool et tranquillisants.
« Je travaille à un poème contre toutes les guerres… A boire du vin rouge... » sont ses dernières paroles le 16 mars 1965, date à laquelle elle meurt attachée sur un lit de la salle commune de l’hôpital Cochin à Paris, à 69 ans.
Revenons à nos moutons :
Voilà la classe ! Pour porter tant de bracelets, faut être grande, avoir de grands bras, sinon ça fait vite saucisson !
Par contre, jamais de bracelet en ivoire, non faut arrêter le massacre (il me semble que c est tout de même acquis) .
L été il m arrive d en porter, j aime bien, mélanger!
Écrit par : soffi | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : soffi | jeudi, 06 décembre 2007
http://fr.youtube.com/watch?v=MimmTdn9314
Une danse a remettre au goût du jour pour faire tintinabuler les beaux bracelets de Nancy!
Écrit par : Maquettes | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : Amylee | jeudi, 06 décembre 2007
Jacques Henri Lartigue, certaines ont pour cadre Biarritz (ville que j aime bien) , les bracelets encore et toujours!
http://hk.youtube.com/watch?v=fdoP_e323fM
Écrit par : soffi | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : Anne | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : nina de zio peppino | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : Modeandco | jeudi, 06 décembre 2007
Comment qu'on pourrait bien l'appeler, du coup ?
Quel animal a de longs bras ?
'tain je sèche...
Écrit par : violette et la femme girafe | jeudi, 06 décembre 2007
Le gibbon à de longs bras :
http://www.phuket-safari-travel.com/images/Gibbon_.jpg.jpg
C est pas mal, femme gibbon!
Écrit par : soffi | jeudi, 06 décembre 2007
Bonne journée.
Écrit par : Catherine | jeudi, 06 décembre 2007
Retrouver avec beaucoup de joie les années Aragon, Tzara, Picasso, Neruda etc.
L'effervescence intellectuelle et artistique à son apogée, le bouillonement de la liberté, l'indépendance rebelle...
Merci. Un bon remède en ce moment pour moi ;-)
Écrit par : Une Princesse | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : Tietie007 | jeudi, 06 décembre 2007
Pour les bracelets j'ai uen petite réserve moi aussi MAIS EN PLASTIQUE!
Écrit par : lavieenrouge | jeudi, 06 décembre 2007
@Maquettes : c'est top, pour tintinabuler !
@Amylee : tu peux ! Pétons-nous la !
@Soffi : j'aime l'ambiance des photos de Lartigue, je ne m'en lasse pas.
@Anne : toutes les couleurs ! ;-)
@Nina de zio peppino : merci ! L'histoire de la mode est passionnante.
@Mode and co : et pourtant ils ne sont pas chers !
@Violette : je séchais aussi pour la girafe des bras. Et puis Soffi...
@Soffi : bien vu le gibbon !
@Catherine : Nancy version 2008 !
@Une Princesse : ravie de t'avoir proposé une médication qui te convienne ! Cette époque est fabuleuse culturellement parlant.
@Titie 007 : l'expressionnisme, ça ne t'étonnera pas, est l'un de mes courants préférés.
@Lavieenrouge : pour une fois que c'est moi qui te fais découvrir quelque chose ! ;-)
Écrit par : Frieda l'écuyère | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : domino | jeudi, 06 décembre 2007
Et pour les éléphants qui surpeuplent certains pays, y'a qu'a voir aux etats Unis, hein.
Bon. Bref.
Le tamanoir, il a pas des longs bras?
Écrit par : Camille | jeudi, 06 décembre 2007
Bentie, c'est plutôt en AFsud que le commerce de l'ivoire est le plus réglementé.
Écrit par : M1 | jeudi, 06 décembre 2007
Écrit par : valentine | vendredi, 07 décembre 2007
Écrit par : M1 | vendredi, 07 décembre 2007
@Camille : le tamanoir, il a un nez à bracelets ou jeme trompe (d'éléphant) ?
@Valentine : voilà ! Tu mets tour le monde d'accord !
@M1 : comme quoi ce ne sont pas les alternatives qui manquent.
Écrit par : Frieda l'écuyère | vendredi, 07 décembre 2007
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