lundi, 04 janvier 2010
On vote le 2 janvier 1956

C'est la façade d'une mairie qui fait la couv' de ce numéro de ELLE du 2 janvier 1956. Un titre interpelle, au bas de l'image : Connaissez-vous votre devoir ? par le président Vincent Auriol. De quel devoir l'ex-président de la République vient-il parler aux lectrices de ELLE ? Les Françaises ont conquis le droit de vote. Elles ont le devoir de voter argumente-t-il sur une double page. Et de rappeler, tout en n'ignorant pas que très souvent les femmes restent à l'écart de la vie publique, qu'elles constituent la majorité du corps électoral.

14 millions d'électrices, dont 9.320.000 Françaises sans profession, dont on notera qu'elles se tiennent les bras croisés et non le balai à la main, lequel est bien sûr l'apanage des 200.000 femmes de ménage...

De manière paternaliste, Roger Priouret dresse aux lectrices le portrait du paysage politique français de 1956. Les choses sont allées se compliquant au fil des ans : Si nos grand-mères avaient eu un bulletin de vote, elles auraient eu un choix simple à faire. De leur temps, la bataille politique était un match entre les blancs et les rouges (que l'on appelait bleus en Vendée), entre la droite et la gauche. (...) Aujourd'hui le choix est plus difficile. On retrouve dans les polémiques les vieux mots de droite et de gauche. Mais les électrices et les électeurs sont en présence d'une multitude de listes dont les étiquettes sont mystérieuses et compliqués, et dont les programmes se ressemblent curieusement.

Les candidats aussi, se ressemblent curieusement. Parce que, pour qui sont-elles fermement invitées à voter, ces électrices ? Pour des hommes. Exclusivement. De François Mitterand à Pierre Poujade en passant par Robert Schuman, le costard cravate est roi.

Mais les femmes aiment les chapeaux. Ceux qui marchent sont en tête les cloches et les "pots de fleurs" enfoncés jusqu'aux sourcils.

Le tailleur de tweed et le rouge à lèvres sont signés Dior.

La mode 56 sera pratique, jolie et accessible.

La Parisienne a fait de la mode sa mode. ELLE l'assure, les modèles sélectionnés dans ses pages sont tous issus des grands magasins et sont les "best-sellers" de l'année.

Le loden se ceinture et on n'oublie pas son pyjama.

Si on n'opte pas pour des ballerines, on s'en tient à un escarpin à talon de 4 cm.

Celles qui ont de la patience se tricoteront un chemisier classique.


On coud aussi pour son bébé.

Les modèles sont américains et les explications figurent en fin de journal.

ELLE a fêté Noël avec 68 enfants de l'hôpital Saint-Louis et dit merci à ses lectrices, qui, invitées en décembre par le magazine à fournir couvertures, boîtes de lait et TSF pour les déshérités, ont répondu en masse.

Qui a vendu le plus de disques en 1955 ? Dans l'ordre, ce sont Luis Mariano, Gilbert Bécaud, Georges Brassens, Tino Rossi, Line Renaud, Eddie Constantine, Yves Montand, Dario Moreno, Juliette Gréco et Annie Cordy.
Vivement lundi prochain !


10:47 Publié dans Ah, c'est ELLE... vintage ! | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : mode, elle, magazines, vintage | del.icio.us |
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Commentaires
Et puis revoir la tête de nos politiques de l'époque ! Mon Dieu !! Ils n'ont pas changé eux, par contre: des mecs, quinqua et plus, toujours dans la place !
Écrit par : Océane | lundi, 04 janvier 2010
Plus que d'artistes et d'intellectuelles d'ailleurs.
Est-on sures qu'il y en a tellement plus aujourd'hui ?
Écrit par : emanu124 | lundi, 04 janvier 2010
@Manu : me suis demandé aussi combien il y en a aujourd'hui. Cela étant, notons les guillemets à patronnes et à intellectuelles...
Écrit par : frieda l'écuyère | lundi, 04 janvier 2010
Écrit par : Anaïk | lundi, 04 janvier 2010
J'aime bien le politiscope, on dirait un peu un théâtre de marionnettes !!
Écrit par : oriane | lundi, 04 janvier 2010
Là j'ai été frappée par le premier chapeau, ou du moins le mannequin : c'est Vanessa Paradis tout craché, non ? la bouche, surtout, mais aussi l'architecture du visage, les pommettes.
Merci Frieda. Et bonne année !
Écrit par : mmarie | lundi, 04 janvier 2010
Il y avait un désir de bien faire en effet.
Écrit par : L'armadio del delitto | lundi, 04 janvier 2010
On peut dire qu'en 50 ans, les intellectuelles ont bien baisé la gueule à la religion : )
Pierre Poujade, voilà ce qu'il faut pour la France aujourd'hui : )
Écrit par : M1 | lundi, 04 janvier 2010
Très bonne année 2010 Fri!
Écrit par : ithaa | lundi, 04 janvier 2010
Écrit par : Cat | lundi, 04 janvier 2010
Écrit par : Catherine | lundi, 04 janvier 2010
C'est depuis là que tout à commencer à changer pour la femme, non ?
Écrit par : marigaz | lundi, 04 janvier 2010
J'ai des goûts de vieille... ballerines, du plissé, mateau attaché (un peu long celui-là), enfin côté mode, côté moeurs et politique, tu penses qu'on aurait drôlement bien vécu :-(
Écrit par : sarah babille | lundi, 04 janvier 2010
Écrit par : soffi | lundi, 04 janvier 2010
Considérons le postulat suivant :droits et devoirs sont indissociables. .
Peut-être faudrait-il se poser la question pourquoi Auriol rappelle leur devoir aux femmes ? Peut-être pour qu'elles (les femmes au foyer) puissent revendiquer leur droit de voter auprés de leur époux qui n'aspiraient qu'à avoir une épouse aimante et docile, s'occupant de l'éducation des enfants et de l'intendance du foyer ?
P.S. : ma grand-mére néee au début du 20°siécle a été parmi les prémières à voter et était trés émancipée pour son époque ( travaillait, n'a pas fait un mariage de convenance mais d'amour avec un homme de 7 ans son cadet...)
Écrit par : Stephanie | mardi, 05 janvier 2010
(Et sinon bonne année hein, on te souhaite quoi en 2010?)
Écrit par : Baraginie | mardi, 05 janvier 2010
Écrit par : Sunny Side | mardi, 05 janvier 2010
Écrit par : isabelle | mardi, 05 janvier 2010
Je suis une lectrice Elle mais que depuis 10 ans. Mais, les photos me rappelle mon enfance quand je regardais les vieux magazines de ma maman...et franchement je trouve ce pull très actuel....
Bonne Année à toi!
Écrit par : pripri | mardi, 05 janvier 2010
Écrit par : Smokethorn | mardi, 05 janvier 2010
Il n'y a pas si longtemps... et d'ailleurs, si on a bien voulu nous jeter le droit de vote en cadeau, tout reste à faire et sans cesse à refaire (quand tu penses à quoi en sont réduits nos centres de planning familiaux !).
Quand j'étais petite, il y a donc quelques lustres ( hi hi hi ), dans ma classe, j'étais la seule, avec une fillette espagnole, à avoir une maman au travail. Un beau matin, l'institutrice nous a demandé de lever le doigt "uniquement celles qui ont des mamans qui travaillent". Ouai, bref, nous étions deux, moi et Pépita (je me souviens d'elle et de son toutou, un boxer appelé Malabar, comme si c'était hier !).
Un peu méchante, l'instit' de demander : alors, petites filles, et qu'est ce qu'elles font vos mamans ? Celle de Pépita, fraichement arrivée d'une Espagne encore sous la coupe de Franco, lavait les sols chez les bourgeois. La mienne lavait les péchés au sein de la justice prud'hommale.
Comme tu vois, et bien que notre époque tende à présent à traiter les femmes "non actives" d'exception sociétale, c'est encore, comme ça l'était jadis, toujours une affaire de serpillière....
Bisous Frieda !
Écrit par : Cath | mardi, 05 janvier 2010
@Oriane : dans les 50's il y avait beaucoup de dessins dans les ELLE.
@Mmarie : je n'avais pas fait attention mais il y a quelque chose.
@L'armadio : ce sont mes préférés, avec certains des 70's les tout vieux numéros.
@M1 : je comptais sur toi. Je suis pas déçue :)
@Ithaa : bonne année à toi, Ithaa !
@Cat : d'autant que le chemin des filles n'est pas toujours dépourvu d'embûches.
Écrit par : frieda l'écuyère | mardi, 05 janvier 2010
@Mariga(z) : le droit de vote a dû commencer à faire bouger les choses.
@Sarah : nous on était derrière la Turquie, mais alors vous... Ah ça, y avait pas le feu au lac :)
@Soffi : non, ben non !
@Stéphanie : je ne suis pas chagrinée, je pense perso aussi que voter est un devoir, sans quoi il ne reste que celui de fermer sa gueule. C'est la manière dont la question est abordée, les femmes sont infantilisées, des gamines pouvues d'un bulletin de vote, pour ces beaux parleurs. C'est maladroit, en effet, et révélateur de l'esprit de l'époque. Et beaucoup, d'ailleurs, votaient comme leur mari. Mais il était encore loin, le compte en banque sans autorisation du mari...
@Baraginie : je n'ai pas trouvé de numéro spécial mariage mais aurai peut-être quelques images dans un numéro de printemps. Je te les enverrai. Un patron de 53 ? J'ai très envie de voir tes futures photos !
@Sunny : la démocratie le moins pire etc.
@Isabelle : les bonnes demeuraient chez leur employeur et pas les femmes de ménage, je suppose.
@Pripri : merci, et bonne année !
@Smokethorn : ah oui, ces guillemets, vraiment !
@Cath : et ne parlons pas du dernier sondage sur le partage des tâches... qui fait tache.
Écrit par : frieda l'écuyère | mardi, 05 janvier 2010
Écrit par : Stéphanie | mardi, 05 janvier 2010
Écrit par : moody-blue | mercredi, 06 janvier 2010
Écrit par : emelire | mercredi, 06 janvier 2010
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