jeudi, 16 septembre 2010
A Prague, il y a 20 ans...
C'est le récent voyage de Manu à Prague (elle présente aujourd'hui le deuxième volet) et aussi celui de Catherine, qui m'en a fait souvenir.
J'avais quelque part, dans une boîte à photos, précieusement conservées de cette lointaine époque où l'on emmenait ses films à développer, des images de Prague prises il y a tout juste 20 ans, en novembre 1990 exactement.
Partis de l'Est de la France, un soir, dans un bus dont je me souviens avec effroi qu'ion y diffusait une vidéo de Vincent Lagaff et de son lavabo qui m'empêchait de dormir, nous sommes arrivés à Prague dans la matinée du lendemain, après un arrêt au poste frontière de ce qui était encore la Tchécoslovaquie, où des douaniers habillés de kaki qui n'avaient pas du tout l'air d'avoir envie de rigoler, surtout vers 3 h du matin, avaient procédé aux contrôles d'identité...
Nous n'avions aucun hébergement de révervé, mais on nous avait dit de ne pas nous inquiéter, on trouverait sur place. Et au pire, on pourrait venir dormir dans le bus. Je crois que j'avais pris cette dernière assertion pour une plaisanterie...
C'était un tort. D'hôtel il n'y avait point. Ou plus exactement, le peu qu'il y avait était pris d'assaut, même si nous étions encore peu nombreux à faire le voyage.
Derrière son guichet, l'intraitable jeune femme blonde à qui nous faisions part de notre désarroi s'est au bout de longs palabres en anglais décidée à nous dire qu'elle avait peut-être une solution et nous a fait asseoir dans un coin pour l'attendre.
Elle a fini par quitter son guichet, nous a demandé de la suivre, nous a fait monter dans sa voiture, un genre de Trabant (en était-ce une, je n'ai jamais vraiment su) et nous a emmenés... chez elle.
Chez elle, c'était au bout du bout d'une des lignes du métro praguois, dans une cité grise, un petit F3 dans une tour tout aussi grise. Elle nous a servi un Coca mais n'en a pas bu. Nous avons compris que c'était trop cher pour elle et qu'elle le réservait à ses "invités".
Pour trois fois rien (pour nous) nous avions pension avec petit-déjeuner. Elle nous laissait ce qui devait être sa chambre et allait dormir avec sa mère, avec qui elle partageait son appartement.
Je me souviens de ses réticences à nous parler des bouleversements en cours.
Je me souviens d'un appartement petit, propre et sans superflu, un peu austère.
Je me souviens, en plein centre de la ville, de grands immeubles gris et décatis, dont on percevait la splendeur passée, d'immenses échaffaudages dont on voyait bien qu'ils étaient abandonnés depuis des années.
Je me souviens de la boutique d'un chapelier, au long comptoir de bois, qui m'avait donné le sentiment de pénétrer dans un décor de film se passant dans les années 30.
Je me souviens qu'il n'y avait aucune enseigne de néon, nulle part.
Je me souviens du goût des boulettes de viande, assez infâmes, que nous avions à notre menu tous les jours.
Je me souviens avoir dîné au restaurant Art nouveau de l'Obecni Dum, la Maison municpale, pour pas grand-chose (des boulettes, toujours des boulettes), et de l'immense rideau marron qui défigurait ce sublime lieu tenant alors de la Belle au bois dormant.
Depuis, les salles ont retrouvé leur lustre, et le très chic restaurant "français" y sert une cuisine assez quelconque chère pour ce qu'elle est (en tout cas, en 2003).
Je me souviens de la Ruelle d'or, qui ne nécessitait alors de s'acquitter d'aucun droit d'entrée, et qui était désertée.
Je me souviens de cette matinée au vieux cimetière juif, où nous n'avions croisé âme qui vive.
Je me souviens de la place de l'Hôtel de ville, avec sa célébrissime horloge, sans doute le lieu (déjà très animé) qui a le moins changé depuis.
Je me souviens que ce Prague-là n'était pas une destination de rêve pour le shopping, mais que j'avais tout de même ramené des livres aux illustrations désuètes, des jouets en bois et des colliers de perles de cristal de Bohême ainsi qu'une parure de bijoux à pampilles si clinquante qu'on aurait cru que je m'apprêtais à tourner dans un remake de Sissi impératrice.
C'était un Prague d'un autre temps. C'était il y a tout juste 20 ans.
10:00 Publié dans On the road | Lien permanent | Commentaires (29) | 
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Commentaires
merci :)
Écrit par : cleopat | jeudi, 16 septembre 2010
merci !
Tu etais partie avec 4A hein ...? ;-)
Écrit par : amande | jeudi, 16 septembre 2010
Et bien tes photos de 20 ans me donnent envie d'y aller là tout de suite, sauf que ça énormément changé depuis, mais c'est justement ça qui est interessant.
En tout cas les photos sont très belles, des archives très précieuses!
Écrit par : D. | jeudi, 16 septembre 2010
Écrit par : Océane | jeudi, 16 septembre 2010
Écrit par : Ness | jeudi, 16 septembre 2010
Toutes ces façades doivent aujourd'hui être recouvertes d'enduit rose bonbon ou vert amande... Merci Frieda de nous avoir ouvert cet album.
Écrit par : Clover | jeudi, 16 septembre 2010
Écrit par : stéphanie | jeudi, 16 septembre 2010
Précieux souvenirs .... dommage que l'on prenne plus le temps d'imprimer nos photos!
J'ai hâte que Catherine nous fasse partager ses photos...
En fait nous cherchions une destination de Noël (comment ça on file histoire de rater les dîners familiaux ^^), et je crois que l'endroit s'y prêterait parfaitement :)
Écrit par : mariga(z) | jeudi, 16 septembre 2010
Sinon inutile de chercher de la vie en surface dans un cimetière, c'est un monde très... underground ; )
Écrit par : M1 | jeudi, 16 septembre 2010
@Amande : eh oui, c'était roots, 4 A ! :)
@D : je vais avoir l'air de faire ma snob mais tant pis, il y a aujourd'hui à Prague un côté Disneyland, qu'on retrouve partout où il y a du tourisme de masse, et qui est un peu saoûlant, les fausses calèches, etc. Mais en même temps, on va pas regretter ce passé qui suintait la tristesse et la morosité.
@Océane : je me dis que j'ai eu beaucoup de chance, d'arriver juste avant que cette atmosphère si particulière disparaisse.
@Ness : en fait cette femme était une simple salariée du tourisme, qui améliorait l'ordinaire avec cette manne de visiteurs qui débarquaient d'Allemagne, de France, d'Italie... On sentait que tout allait basculer très vite, que la ville serait méconnaissable en peu de temps, je me demande aussi ce qu'elle raconterait aujourd'hui.
@Clover : et puis il y a les constructions nouvelles, cette ville est vivante, et ce qui fait son essence n'a pas changé, je l'ai retrouvé en y retournant.
@Stéphanie : merci !
@Mariga(z) : moi aussi, j'ai hâte de voir les photos de Catherine. Pour Noël, Prague peut être une superbe destination !
@M1 : merci de la précision ! Pour le cimetière, je parlais évidemment des visiteurs :) Je n'y suis pas retournée mais je suppose qu'aujourd'hui, il y a de l'animation en surface. Et un marchand de glaces à l'entrée ? :)
Écrit par : frieda l'écuyère | jeudi, 16 septembre 2010
Écrit par : shalima | jeudi, 16 septembre 2010
Écrit par : Manou | jeudi, 16 septembre 2010
Écrit par : emanu124 | jeudi, 16 septembre 2010
Écrit par : lavienrouge | jeudi, 16 septembre 2010
Écrit par : cereza | jeudi, 16 septembre 2010
Je venais alors de Pologne, ayant franchi la frontière à pieds puis voyageant en train et en bus.
Je me souviens par contre de ces derniers fast food "soviétiques" à l'ambiance si....particulière, très bon marché, avec une nourriture pour le moins roborative et pas spécialement stimulante.
Je me souviens aussi de la chaleur de certains bars et la bière...
J'y suis retourné plusieurs fois, toujours en Tchécoslovaquie puis en République Tchèque, sans, il est vrai, y retrouver la même atmosphère. Comme dans d'autres anciens pays "de l'Est".
Seule la Roumanie est resté assez semblable, surtout dés que l'on quitte les "grandes villes" et même là. Pas de photo, mais beaucoup d'images dans la tête, des odeurs, des sons, des gens.
Écrit par : eveange66 | jeudi, 16 septembre 2010
Écrit par : Nica | vendredi, 17 septembre 2010
Écrit par : CECILE | vendredi, 17 septembre 2010
Écrit par : Bulles d'infos | vendredi, 17 septembre 2010
Écrit par : Cécile M | vendredi, 17 septembre 2010
Écrit par : Cécile M | vendredi, 17 septembre 2010
Écrit par : emiiiiiii | vendredi, 17 septembre 2010
Écrit par : Esther | vendredi, 17 septembre 2010
@Manou : oui mais tu avais un hôtel, peut-être ? :) Ca devait changer la vision des choses, au final j'ai adoré qu'on n'en ait pas trouvé, d'hôtel, parce que ce séjour en banlieue grise était encore plus authentique.
@Manu : comme tous les lieux hypertouristiques. Mais ça reste une sublime ville.
@Lavieenrouge : merci ! Vos réactions font que je suis ravie d'être allée fouiller dans ma boîte !
@Cereza : et tout est allée si vite ! C'est dans les premières années, que ça a beaucoup évolué. Pas sûr que je verrais beaucoup de différence entre 2003 et aujourd'hui. Mais entre 90 et 2003, c'était un autre monde !
@Eveange66 : on était là pour peu de temps, donc on n'a pas forcément frappé à beaucoup de portes pour ne pas y passer le séjour. Mais d'autres qui étaient avec nous sont vraiment revenus dormir dans le bus parce qu'ils n'avaient rien trouvé du tout. Les bars, oui, c'est ce que j'ai retrouvé, d'ailleurs, en 2003. Les bars tellement chaleureux, d'autant plus en novembre !
@Nica : c'est l'un des voyages qui m'a le plus marquée, pour cette raison.
@CECILE : je n'avais jamais pensé à le faire, merci à Catherine et Manu qui ont involontairement provoqué ce billet !
@Bulles d'infos : ah mais c'est que j'ai épuisé ma réserve ! :)
@Cécile M : je n'ai pas été déçue en y retournant, c'est la même ville et c'est une autre à la fois. Et puis il y avait une authenticité, certes, auparavant, mais pas mal plombée quand même... J'espère que tu l'auras à l'usure, parce que Prague vaut le voyage, même "encombrée" de touristes.
@Emiiiii : c'est une ville pour qui aime l'architecture :)
@Esther : et hop, la petite vacherie qui va bien :) Mon sourire du jour.
Écrit par : frieda l'écuyère | samedi, 18 septembre 2010
Écrit par : lilith | dimanche, 19 septembre 2010
Écrit par : Catherine | dimanche, 19 septembre 2010
Écrit par : location de voiture | lundi, 20 septembre 2010
C'est assez génial, ces photos d'il y a 20 ans, merci de nous faire découvrir ça !
Écrit par : May | samedi, 02 octobre 2010
Écrit par : Lisa | mercredi, 13 octobre 2010
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