lundi, 14 mars 2011
We want sex equality
Une ouvrière britannique chez Ford allait-elle bosser en mini-short fleuri de Mary Quant en mai 1968 ?
La gentille et jolie mère de famille propulsée leader de la révolte sociale de ces ouvrières de l'atelier de couture de sièges de l'usine automobile de Dagenham avait-elle la moindre opportunité d'emprunter la robe rouge achetée chez Biba - qu'elle avait remarquée dans Vogue - de l'épouse hautement diplômée mais femme au foyer frustrée d'un des dirigeants de cette même usine ?
Barbara Castle, ministre et présidente, dès 1958, du Parti travailliste, s'habillait-elle véritablement chez C&A parce que "pourquoi dépenser plus ?"
Non, je n'ai aucunement la prétention de concurrencer la rubrique des films bien sapés de Café Mode. Mais je dois avouer que l'approche que j'ai eu de We Want Sex Equality est demeurée très vestimentaire.
Et bien sapé, ce film l'est, incontestablement. Le style 68 tel que présenté ici est un mix d'escarpins pointus-choucroute-eye liner du début des sixties et de flower power annonçant l'éclosion des seventies : un véritable régal.
Pour le reste... Je suis partagée. Je n'ai pas plus que ça accroché à une débauche de bons sentiments et à une succession de scènes attendues : le jeune homme se faisant quasi harceler sexuellement lorsqu'il franchit, seul, la porte de l'atelier des femmes ; le mari compréhensif dans un premier temps qui finit par perdre patience ; les syndicats, comme l'ensemble de la société tenus par les hommes, et dont les responsables n'étaient pas nécessairement du nombre des plus progressistes, etc. etc.
Mais je reconnais que le film de Nigel Cole, inspiré de faits réels, (la grève de l'atelier de couture de chez Ford pour obtenir ce qui devrait être le basique "à travail égal, salaire égal") n'a pas vocation de documentaire, même si quelques-unes de ces ouvrières aujourd'hui octogénaires apparaissent avant le générique. Et il a au moins le mérite de faire sourire (et réfléchir ?) sur un thème trop souvent hâtivement considéré aujourd'hui comme dépassé, ringardisé, à l'opposé du glamour d'un short de Mary Quant : celui des revendications féministes.
12:53 Publié dans C'est que mon avis | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : mode, we want sex equality, nigel cole, folwer power, mai 68 | del.icio.us | Facebook
Commentaires
bon finalement ce n'était pas une bonne idée d'y aller hier si rien ne pouvait te mettre de bonne humeur. J'ai hate de le voir mais tu m'as un peu refroidie là
Écrit par : olympe | lundi, 14 mars 2011
@Olympe : c'est un film plein de bonne humeur pourtant ! :) Mais c'est pas hier que j'avais l'esprit critique dans la poche, en effet...
Écrit par : frieda l'écuyère | lundi, 14 mars 2011
Pas (encore) vu le film, mais sur l'ouvrière qui s'habille en Mary Quant : peu probable, car je me souviens d'avoir lu dans l'excellent 'the Biba experience' que cette marque s'adressait à une clientèle certes plus jeune que les autres marques de prêt à porter, mais relativement aisée (alors que Biba a commencé par la vente par du très cheap dans un esprit plutôt mods)...
Écrit par : Carlotta Stermaria | lundi, 14 mars 2011
coucou
bon j'ai cliqué je l'avoue :-) car tu as mis le même visuel que moi sur ton sujet mais toi c'est pour parler ciné... de mon côté j'avais un peu réadapté le propos du visuel à ma sauce...va voir si tu veux :-)... sinon j'hésite pour le film ben que le revival sape retro m'attire comme un aimant.
Écrit par : louvero | lundi, 14 mars 2011
@Carlotta : me suis dit en voyant le film que le short Mary Quant, c'est typiquement le genre de référence de cultureux pour dater l'époque, mais sans réelle cohérence sociale. Pour un film qui se veut justement le reflet d'une prise de conscience dans un milieu social donné, ça m'a semblé... bref, je me suis décidément pas laissé porter par l'aspect comédie gentillette...
@Louvero : bien foutu ton petit guide du vintage ! :)
Écrit par : frieda l'écuyère | lundi, 14 mars 2011
C'est ma prochaine sortie prévue dans les salles obcures.
http://trendyleodium.blogspot.com
Écrit par : Trendy Leodium | lundi, 14 mars 2011
Les nymphomanes ! : )
Écrit par : M1 | lundi, 14 mars 2011
J'ai vu le film aujourd'hui et j'ai beaucoup, beaucoup aimé. L'attitude du mari est intéressante, évolutive, partagée entre soutien et lassitude. Le "cycle" d'une grève est bien montré : l'enthousiasme du début puis la fatigue et le doute.
Un des personnages qui m'a le intéressée : la femme du patron, ambivalente, à la fois conformiste et révoltée.
Sur l'aspect vestimentaire... je ne suis pas très calée, tu le sais ! J'ai beaucoup aimé la robe rouge : je suis au top de mon niveau d'analyse modesque, là ! :)
Écrit par : Madame Kévin | mardi, 15 mars 2011
J'ai vu le film aujourd'hui et j'ai beaucoup, beaucoup aimé. L'attitude du mari est intéressante, évolutive, partagée entre soutien et lassitude. Le "cycle" d'une grève est bien montré : l'enthousiasme du début puis la fatigue et le doute.
Un des personnages qui m'a le intéressée : la femme du patron, ambivalente, à la fois conformiste et révoltée.
Sur l'aspect vestimentaire... je ne suis pas très calée, tu le sais ! J'ai beaucoup aimé la robe rouge : je suis au top de mon niveau d'analyse modesque, là ! :)
Écrit par : Madame Kévin | mardi, 15 mars 2011
@M1 : le coup de la bannière pas complètement déroulée est assez bien vu.
@Madame Kévin : il y a certaines choses assez fines, d'autres moins, disons que j'ai eu l'impression d'un film qu'on oublie vite et je le regrette un peu.
Écrit par : frieda l'écuyère | mardi, 15 mars 2011
Bon, l'humour anglais y est lui toujours présent, ouf, n'était-ce pas le but de ce film avant tout?
Sinon,je ne comprends pas la polémique. Le short à fleurs du film est un vrai Mary Quant? Si c'est le cas, c'est sans doute parce que la costumière n'en avait pas d'autres. Parce que à l'époque, elles étaient peu nombreuses à en avoir. Pas parce que c'était cher mais parce que on en trouvait difficilement ailleurs qu'à Londres. La fille de notable d'Edimburg portait des ersatz de Mary Quant au même titre que l'ouvrière. La différence c'est que la fille de notable faisait faire le short à fleurs qu'elle voyait dans Vogue et l'ouvrière le short à fleurs qu'elle voyait dans ses romans photo.
Écrit par : isabelle | mardi, 15 mars 2011
D'ailleurs, c'était pareil en France. N'as-tu jamais été surprise en regardant de vieilles photos de voir la qualité des vêtements de tous quelque soit le milieu social? Ce qui marquait les milieu, c'était le style. Mais concernant les filles qui suivaient la mode dans les années 60 et début 70, elles se ressemblaient toutes. Elles avaient des imitations incroyablement bien faites et une allure incontestable. J'en ai connu 2, filles d'ouvriers à Bobigny qui étaient de vraies modeuses en 66-69 (après, avec le mari et les enfants, l'intérêt pour la mode s'est émoussé). Sur les photos, on dirait des filles de magazine. Exactement comme dans ce film.
Écrit par : isabelle | mardi, 15 mars 2011
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