mercredi, 28 septembre 2011
La beauté vénéneuse de L'Apollonide...
L'Apollonide, souvenirs de la maison close, c'était LE film que j'avais envie d'aller voir absolument, subjuguée par sa bande annonce.
Autant le dire en préambule, je ne suis habituellement pas de celles qui ferment les yeux au cinéma mais il y a dans ce film des scènes insoutenables. La mise en scène, l'effet de répétition, font qu'on les voit arriver... c'est incontestablement glaçant. Mais ne boudez pas ce film pour autant, ces scènes sont peu nombreuses et indispensables à sa construction. Fermez éventuellement les paupières, tout simplement...
Les costumes, la lumière, la photographie, le jeu des actrices, la mise en scène de Bertrand Bonello, tout concourt à faire de ce film une splendeur esthétique venant souligner un constat implacable.
L'action se passe au tournant du XXe sicècle, et après ? Grâce à Caro (vous ai pas dit, au fait, que j'ai rencontré Caro ? J'y reviens !), qui l'a signalée, je suis allée lire la tribune de Nancy Huston dans Libé. Au XXIe siècle, les enjeux concernant "le plus vieux métier du monde" sont toujours les mêmes...
Je ne suis pas d'accord avec tout et notamment pas sur le fait que "Les femmes, pour accepter d’exclure de la relation sexuelle tout imaginaire lié à l’amour et à la fécondité, encore et encore, jour après jour, année après année, ont tendance à abuser de substances qui diminuent leur sensibilité", qui validerait le fait que le souci, c'est qu'un double chromosome X, ça rendrait forcément sentimentale au-delà du raisonnable. C'est pas là qu'est le problème, à mon avis, de distinguer l'acte sexuel de rêves d'amour et de fécondité, même si c'est évidemment le discours formaté qu'on sert aux petites filles dès le plus jeune âge, l'amûûûr, un jour mon prince viendra, etc. Le problème, c'est qu'un esclavage, qu'il soit sexuel ou autre, est un esclavage. Et point barre. Et qu'on tente de s'en échapper comme on peut, en l'occurrence à l'aide de substances diminuant la sensibilité : tournée générale de champagne et d'opium pour le bordel de luxe sujet central de l'Apollonide.
Evidemment, on ne se refait pas, au-delà du propos, j'ai été sensible à ces velours, ces dentelles, ces broderies qui font des costumes de ce film un véritable défilé de haute couture. La costumière est Anaïs Romand, et, dans un passionnant entretien accordé à Laure Adler (qui a signé il y a quelques années l'ouvrage "Les maisons closes 1830-1930"), Bertrand Bonello explique comment ils ont travaillé, avec peu de moyens qui plus est.
Un film à cumuler les nominations aux César ? Ce serait tellement mérité...


12:24 Publié dans C'est que mon avis | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : mode, bertrand bonello, anais romand, apollonide, laure adler | del.icio.us |
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Commentaires
Et la si jolie Nelly Arcan... Dommage. Son départ a fait grand bruit au Québec et provoqué bien du coulement d'encre...
Écrit par : Esther | jeudi, 29 septembre 2011
Écrit par : Jeannette | jeudi, 29 septembre 2011
Écrit par : Solidor | jeudi, 29 septembre 2011
Écrit par : Marcozeblog | vendredi, 30 septembre 2011
Et Nelly Arcan n'a pas eu droit à tant de bruit, ici.
@Jeannette : je dois toujours le lire, ce Despentes !
@Solidor : j'y ai pensé, à ce genre de dérive... Moi j'y ai vu un film magnifique qui ne magnifie pas pour autant son sujet. Ce qui était très casse-gueule. Et j'ai ressenti aussi cet ennui, voulu, j'imagine.
@Marcozeblog : la chronologie bouleversée fonctionne très bien, c'est vraiment un film très maîtrisé.
Écrit par : frieda | samedi, 01 octobre 2011
Écrit par : Paupiline | dimanche, 09 octobre 2011
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