lundi, 07 avril 2008
Des pieds et des mains le 20 mai 1949
Ce numéro de ELLE du 20 mai 1949 l'annonce sur la couverture : il compte 32 pages. La pub apparaît en général sous forme de bandeau, sur le côté, rarement en pleine page.
ELLE s'est rendu au Bal de la Pierrerie. Les invités ont appris le lendemain qu'à eux tous ils portaient pour deux milliards de bijoux. Dix détectives en habit effectuaient, au rythme des sambas, une surveillance discrète et savaient distinguer le vrai du faux. Donné par le baron Von Rosenstock dans l'hôtel particulier de la marquise de Sèvres, le bal avait lieu lundi, jour tragique : tous les coiffeurs étaient fermés.
De l'escadron de Courteline aux chapeaux de l'Impératrice Eugénie, Paris a la nostalgie du passé, titre ELLE. Sur la scène, à l'écran, au musée... Dans Paris-Magie, ballet de Lise Deharme, les personnages du passé évoliuent dans un marché au puces d'avant-guerre.
Le Voyageur, un grand roman d'amour de Pierre Benoît, annoncé en couv', est illustré par une Adèle éclatant en sanglots sur l'épaule de Robert mais dont on ne sait qui l'a dessinée.
4 robes de toiles, 4 formes juvéniles et 4 idées amusantes de broderies : tout est à réaliser soi-même, patrons à l'appui.
Après 145 ans, la robe de l'Impératrice Joséphine sort de sa malle. On pourrait en refaire la broderie d'or aujourd'hui, note ELLE, mais il en coûterait 2.000 F au centimètre (pour un ELLE à 30 F, soit 153,33 € pour un ELLE à 2,30 €).
ELLE lance une enquête en plusieurs volets : en 1949, la science regarde l'amour à la loupe. A la loupe, oui, mais aux Etats-Unis. 60 % des Américains préfèrent les brunes. Aux jeunes Américaines qui cherchent un mari, un anthropologue explique qu'il y a trois types d'hommes : les longs et minces, les tout ronds, les musclés genre athlète complet. Les premiers sont sensibles et introvertis, les seconds ont bon caractère et les troisièmes ne sont pas aussi agréables que le font croire les films de Hollywood, ils sont brutaux, agressifs et deviennet dangereux quand ils ont trop bu. Mais tous ne boivent pas d'alcool : les docteurs Spiegel et Krinker ont établi que les amoureux déçus ou dépités boivent des quantités de lait considérables.
Mettez-vous dans du coton, titrent les pages mode. avec un fourreau deplage de Carven, aux dessins cachemire multicolores.
Ou en popeline à dessins cachemire, large col et jupe courte d'après-midi.
Pieds et mains réclament des soins quotidiens affirme la rubrique beauté.
Conseils en images pour apprendre les bons gestes.
Et pour passer à la pratique, le Bon Magique est un écrin manucure... magique à moitié prix : 625 F au lieu de 1250 F.
En fin de journal, un patron et ses cinq astuces assurent la lectrice de réussir à coudre elle-même sa veste rouge.
Vivement lundi prochain !
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lundi, 31 mars 2008
Premier soleil le 30 mars 1962
On pense au printemps, dans ce numéro de ELLE du 30 mars 1962, un numéro très épais de 220 pages. Même les hommes en chemise seront à la mode : cols, tissus, dessins, tout est nouveau. On note un glissement vers le style anglo-saxon et les nouvelles couleurs sont le gris fumée en uni clair ou en dessins sur fond blanc, le bleu est toujours admis, le blanc est toujours obligatoire pour la soirée (dîners, sorties).
René Bernard s'occupe de la rubrique TV et propose ce qui est titré comme une interview de qualité. Celle d'Arthur Miller, qui, avec sa femme Inge Morath, vient de passer quelques jours à Paris. Lui est le premier auteur dramatique américain vivant, ex-mari de Marilyn Monroe. Elle est une photographe internationale, parlant six langues, voyageuse sans frontières. Une très courte interview dans laquelle on apprend que le couple réalise un tour d'Europe en trois semaines, qu'Arthur Miller, à 46 ans, a plus encore à dire que lorsqu'il en avait 40 et qu'Inge Morath n'a absolument pas l'intention d'écrire : ce serait terrible. Je ferai des légendes pour mes photos.
Les maris volages tiennent un rôle important dans l'ihistoire et la Littérature, mais les maris fidèles sont nombreux selon Claude Pasteur, qui propose chaque semaine d'en donner un exemple probant : ce 30 mars, l'histoire de Robert Schumann et de Clara Wieck : il avait 19 ans, elle en avait 10, ils durent attendre la majorité de Clara pour se marier, eurent six enfants et le musicien ne la quitta que pour se faire interner.
Côté spectacles, de nouveaux visages pour des noms éternels : ceux ce Catherine Rouvel et Yori Bertin. La première reprend dans Marius, au théâtre des Variéts, le rôle de Fanny créé par Orane Demazis, à la TV, la seconde sera la Dame aux Camélias dans une adaptation de Marcel Pagnol et ressemble étrangement à Eugénie Doche, la célèbre lionne qui inspira alexandre dumas et créa le rôle en 1852.
Côté people, ELLE a fait les sorties d'école pour présenter la photo des petites Gabin. Florence et Valérie Moncorgé, élèves au Sacré coeur de Marie à Neuilly, iront comme chaque semaine, passer le week-end avec papa, maman, et leur frère Mathias (7 ans). Papa aura terminé de tourner Un Singe en hiver et prendra quelques vacances. durant la semaine, leur mère les dépose à l'école dans sa fourgonnette 403. Pendant la récréation, les élèves ont droit à un verre de lait et à une pomme.
Une autre école, d'un tout autre style, se trouve dans la grande banlieue de Londres. Rose Vincent est partie enquêter sur Burgess Hill School, installée dans une vieille maison à colonnes cachée dans un grand parc et où les enfants sont complètement libres de faire tout ce qu'ils veulent et même de ne pas étudier. Par exemple, rester au lit, fumer des cigarettes et dire des gros mots. C'est le Daily Mirror qui a éventé l'affaire, déclencant un scandale qui a pris des proportions internationales. L'école a été créée en 1933, les élèves sont des enfants d'hommes d'affaires, de médecins, de peintres et d'acteurs aux idées avanacées sur l'éducation. Des pré-soixantuitards, en quelque sorte... La théorie des professeurs est que le jour où les enfants ont envie d'apprendre, ils rattrapent en un an ce qu'ils auraient mis à apprendre en y étant forcés. L'entreprise est, au sens réél du terme, une folie, conclut Rose Vincent.
Un coup de vent qui vient d'Amérique (via Jacqueline Kennedy), et qui souffle de Rome (où Liz Taylor tourne "Cléopâtre") a joliment déplacé nos cheveux : le résultat est la toute nouvelle coiffure "pouf" pour votre tête de printemps. Elle nécessite une légère permanante gonflante, de gros bigoudis et, bien sûr, un nuage de laque. Mais une nouvelle laque souple qui ne cartonne plus du tout les cheveux. Kira, à gauche, a ajouté une mèche postiche.
Le premier soleil est très attendu, on l'accueille en tailleur Simone Robin, qui fera un parfait ensemble de cérémonie, ou en pardessus ceinturé des Galeries Lafayette.
Le tailleur pantalon en bourrette de soie naturelle chinée et rustique s'accorde avec un foulard à grosses pastilles.
Le Bon Magique est une robe qui fait grand soleil et petit soir, en soie verte ou bleue, sans mouches et à lavallière, que l'on peut se procurer via le magazine pour 72,50 F (pour un ELLE à 0,80 F, soit 208,44 € pour un ELLE à 2,30 €).
Pour profiter au mieux du premier soleil, un fourreau fleuri, en mousseline de soie ert écharpe assortie qui se noue en lavallière (Martine, chez Capucine). Le collier plastron vient de chez Prisunic.
Le printemps 62 est aussi fait de tissus science-fiction, pour lesquels une tache d'huile n'est rien, ni une tache d'encre, et qui ne craignent pas les mites.
Madame X est une maman de trois enfants qui fait elle-même, par goût et par nécessité, toutes ses toiletttes. Elle choisit soigneusement ses modèles en fonction des services qu'elle en attend. Toutes ses amies ont envie de la copier. Cette fois, elle propose cinq tenues, avec pour chaque croquis et métrage pour les réaliser.
Le printemps, c'est aussi le rangement : pour le rendre plus facile, un placard invisible à fabriquer soi-même. Les explications sont à demander au journal.
Côté déco, des conseils pour acheter et bricoler une petite ruine. Ce peut être une bonne ou une mauvaise affaire, mais en aucun cas ce ne peut être une affaire simple.
ELLE donne une leçon de bien-manger. Autour de la table : le père de famille, la mère de famille, l'écolier, l'étudiant, la jeune femme enceinte, la grand-mère. A chacun, un diététicien prodigue ses conseils.
La mariée 62 ne sait par où commencer pour préparer son grand jour ? ELLE lui propose un calendrier de tâches pour mieux s'y retrouver. Sont aussi précisés les attributions qui reviennent au fiancé, comme commander les alliances ou choisir ses témoins.
Vivement lundi prochain !
12:08 Publié dans Ah, c'est ELLE... vintage ! | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : mode, vintage, magazine, elle | del.icio.us | Facebook
jeudi, 27 mars 2008
Il suffit de passer le Rhin, part III
Lorsque j'ai envie de dépaysement pas si loin de chez moi, je peux toujours courir les friperies allemandes. Mais je peux aussi aller chez les Suisses. A Bâle, on parle suisse allemand, il y a un hôtel de ville tout bariolé avec sur sa façade de drôles de figures, les prix sont affichés en francs et il y a même une boutique qui vend des décos de Noël à l'année.
Et qui ne vend d'ailleurs que ça.
Le prix en CHF, c'est extrêmement dépaysant. Je convertis d'abord en francs français, puis - sans doute parce que mes souvenirs de cette génération qui ne s'est jamais faite aux nouveaux francs en quarante ans doivent m'avoir servi d'exemple à ne pas suivre - je reconvertis en euros. Peut-être aussi parce qu'en francs, les notres, ceux qu'on avait avant, c'est dingue comme tout paraît tellement cheeeeeeer !
21 CHF et des brouettes pour un ELLE allemand et son homologue déco. Quoi, plus de 80 F ? Même avec un ELLE beauté et un ELLE Bistrot en prime, ça fait quand même un peu gloups.
Mais à Bâle, on trouve aussi les enseignes de modasseries pas chères mais tendance qui font défaut à ma ville que j'aime pas. Et du chiffon à fleurettes tout pile comme il me manquait pour enfin croire à l'arrivée imminente du printemps.
17:53 Publié dans Fashionneries | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : mode, magazines, elle | del.icio.us | Facebook
mercredi, 26 mars 2008
Un costard noir, une chemise blanche
J'ai décidé de faire comme si j'avais pas vu. Pas vu que le ELLE de la semaine nous sert en guise d'égéries mode les soeurs Hilton, Kelly Osbourne et consorts people de presse trash, et ce, à plusieurs reprises dans le même numéro. Pas vu qu'Alain Juppé serait un sex-symbol et que Fillon, Delanoë et Moscovici auraient tout compris. Non merci, j'ai pas faim.
J'ai juste vu qu'il y avait Patti Smith, photographiée par Mondino. Avec son expo à la fondation Cartier, elle est partout, hier rédactrice en chef de Libé. Pour ELLE, elle fait défiler ses photos perso, en particulier ses pochettes de disques.
La pochette de Horses (1975) est inspirée d'une photo de Jean Genet par Brassaï et par l'allure de Sinatra. Je suis hétéro, et non pas bi, physiquement j'ai toujours été intéressée par les hommes, mais en termes de style vestimentaire, je n'ai pas de genre très défini. (...) Mon amie Ann Demeulemeester me fait des vêtements, et ce sont toujours des veste noires et des chemises blanches, avec de temps en temps un ruban noir, genre Baudelaire photographié par Nadar. C'est mon uniforme.
Pour Easter, réalisée par Lynn Goldsmith, Patti Smith voulait être photographiée en bergère, avec une robe blanche, des fleurs dans les cheveux et un agneau à côté de moi, par référence à Easter (Pâques). Un peu un tableau à la Marie-Antoinette, en somme ? Ce cliché a été pris par hasard, Patti Smith explique qu'elle se relevait tout juste d'un accident qui lui avait valu plusieurs mois d'immobilisation et qu'elle y aimait son air "souple". Cette pochette a été censurée dans plusieurs pays parce que mes aisselles sont poilues et que je porte ma chemise à l'envers. Je ne me rase toujours pas sous les bras, je trouve ça absurde.
Quant à la colombe de Wave (1979), Patti Smith avait peur qu'elle ne s'envole. Ce n'est pas du Photoshop.
Je suis quand même déçue, les dandys sont de retour et ELLE titre Plus costard que jamais. Moi, j'aurais dit Mieux costard que jamais, non, tant qu'à faire ? Donc, le costard est partout, des cours de lycée aux fêtes les plus branchées. Pendant longtemps symbole corporate insupportable, le costard serait de nouveau rock, cet élément de neutralité serait (re)devenu, dans le sillage des mods et des punks, un signe de singularité. Qu'est-ce qu'ils en disent, les Mosco-Juppé ?
Je n'ai pas été emballée par les pages accessoires. Oui, il y a plein de bracelets. Oui, je le savais.
J'ai été plus sensible à la série mode Entrez dans l'opposition.
Caroline de Fayet et la photographe Chloe Malett ont bien bossé. J'ai accroché.
Mais c'est davantage pour l'ambiance.
Pour le décor.
Que pour les vêtements présentés, à bien y regarder.
Et d'ailleurs, le vernis bleu, c'est toujours sans moi.
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