lundi, 12 mai 2008
Retour à Woodstock le 6 juin 1977
Dayle Haddon est en couverture de ce ELLE du 6 juin 1977. Elle vient d'achever le tournage du film de Just Jaeckin Madame Claude et porte l'une des robes de la collection de Boza Kosak en vente chez Victoire, nous indique la légende photo en sommaire. Boza Kosak, précise Caroline Van de Velde, est une créatrice née en Yougoslavie, qui a fait bouger la mode en créant des robes folkloriques à Rome, dans les années 50. Elle vend pour la première fois en France et les prix sont très élevés, 3000 F la robe (pour un ELLE à 5 F, soit 1380 € pour un ELLE à 2,30 €).
Le jubilé d'argent d'Elisabeth II est l'occasion de revenir en images sur 25 ans de règne.
La Dentellière de Claude Goretta, d'après le roman de Pascal Lainé, Prix Goncourt 1974, est l'un des événements du dernier festival de Cannes. Révélation pour certains, confirmation pour la plupart, Isabelle Huppert est désormais indiscutable. Elle a 22 ans. Si ça avait raté, le cinéma ? Je me serais mariée et j'aurais eu des enfants. Et pas de regrets. Le cinéma, c'est un beau piège qui déplace les choses.
La mode change, de nouvelles boutiques ouvrent, et ELLE consacre une double page à Pierre d'Alby, dénicheur de talents. Il diffuse sa mode, jusqu'à la taille 46, dans 500 points de vente en France et a deux boutiques à son nom à Paris, rue de Passy et boulevard Saint-Germain. Mais il est aussi le créateur de la boutique la Nacelle, située dans les Halles. Il a fait travailler nombre de stylistes qui ont ensuite été confirmés et reconnus, parmi lesquels Emmannuelle Khanh, Jean-Charles de Castelbajac et Agnès B. ELLE présente aussi quelques boutiques qui viennent de se créér. Marie Papier vient de s'installer rue Vavin, sa créatrice adore le papier comme d'autres le velours ou la soie. Sous le nom de Au Bain Marie, Aude Clément vient d'ouvrir, rue du Mail une boutique consacrée à la cuisine et à la table, proposant des objets anciens et un peu de comtemporain. Tricia Guild, jeune et pétulante Anglaise doublée d'une femme d'affaires avisée et forte de son succès, vient d'ouvrir 55 rue des Saints-Pères une réplique de sa boutique londonnienne.
ELLE propose un voyage à Woodstock (précisant que le fameux festival de 69 avait lieu à 60 miles de là), Woodstock étant avant tout une localité d'artistes qui ont toujours recherché une autre façon de vivre, à deux kilomètres de New York. Robert Sturgeon a 25 ans, il est guitariste. Il pose pour le magazine en Ted Lapidus Boutique et se souvient qu'il n'a pas porté de cravate depuis 1970, l'année de son bac.
Lincoln Schleiffer a 25 ans, il est bassiste. Marié, deux enfants, il ne porte jamais de costume mais a accepté pour ELLE de porter du Christian Dior Monsieur, créé par Marc Bohan. Robert Depew Reynolds, 40 ans, peintre et hippy modèle était membre du service d'ordre du festival en 69. Il ne porte jamais de costume non plus mais s'est prêté au jeu dans un modèle en velours signé Quasar.
Billy Batson, musicien, avoue 10.000 ans d'âge. Il est sans doute le plus paumé et a pour seule compagne sa guitare. Il pose dans un costume Renoma. Il s'est rappelé ne pas avoir mis de cravate depuis l'âge de 8 ans. Georges Suess, 29 ans, marié et deux enfants, est éducateur dans un centre de handicapés. Il ne connaît que le jean mais pose ici en costume de chez Dormeuil et chemise de Renoma. Si ma femme me voyait comme ça, elle tomberait raide, conclut-il.
Le bleu est une carte maîtresse et facile à vivre, rappelle ELLE, qui avait consacré un numéro entier à cette couleur le 29 mars 1976.
On s'habille pour sortir. Avec des couleurs qui claquent et des matières raffinées, en sarouel jaune de Chantal Thomass ou en tunique et pantalon d'Issey Miyaké.
Le rouge est mis sur la double page qui suit, en Kenzo pour Jap à gauche et au centre ou en Emmanuelle Khanh, à droite.
Trente ans et deux heures de maquillage séparent ces deux images de Romy Schneider dans Portrait de groupe avec dame d'Alexandre Petrovic, présenté à Cannes. Jacqueline Demornex, sur une double page évoque le deuxième visage.
C'est terrible, confiait Romy devant son miroir, de se voir telle qu'on sera dans...
Plus on vieillit, plus on se dit qu'on était jeune la dernière fois où l'on s'est trouvée vieille démarre Jacqueline Demornex dans cet article. Cheveux gris et rides ? Ils ne sont rien si on n'est pas gris et ridé à l'intérieur. LE M.L.F. n'est alors pas loin. Mais si moi j'ai envie d'avoir une gueule et même une belle gueule exactement comme un homme ? Si j'ai envie de ressembler à Joseph Kessel ? (d'ailleurs c'est mon rêve, d'être un Kessel femelle, mais pas tout de suite quand même). Et elle conclut : Oublier son âge pour que l'âge vous oublie.
La vie à l'heure du Midi, c'est une déco pleine d'objets chinés.
En 1977, un homme est soigné. Que disent-ils, côté beauté ? Ils parlent blaireau, after-shave, eau de toilette. Soignés mais soft et commencent à peine pour certains à fréquenter des instituts de beauté spécialisés sans pour autant être efféminés.
Parmi les interviewés, Jean-Pierre Elkabbach, journaliste, directeur de l'information à Antenne 2, 39 ans. Il se sert des produits que sa femme lui a choisis et est un inconditionnel de la douche froide. Comme il a une barbe très noire, camouflée à l'antenne par un fond de teint mat, il a au bureau un nécessaire de rasage.
Le Bon Magique est une chemise de nuit mère et fille réalisée par Ophir. En blanc brodée de rouge ou de bleu, 70 F pour adulte et 40 F pour enfant.
Les exams approchent. Pour les candidats à la philo, ELLE se fait l'écho d'un livre anglais qui propose en quelques schéma de résumer les bases du système de quelques grands penseurs.
Les sacs pour homme deviennent plus désinvoltes. Ils y déversent ce qui encombre et déforme leurs poches.
De fait, ils sont parés pour faire le marché. Mais attention, s'il part seul, le mari est prêt à tomber dans tous les pièges que lui ont dressés les supermarchés. Les pièges sont donc détaillés par ELLE, qui pense à tout. Et qui conclut : Merci de faire nos courses, mais s'il vous plaît, évitez de vous laisser séduire par tous ces pièges.
Ah ouais, NOS courses ?!
Vivement lundi procgain !
EDIT de mardi : cette fois ça y est, les lumières de la ville de WOW # 6 se sont allumées, avec en prime la vidéo de Domino.
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lundi, 05 mai 2008
Couverte de fleurs le 29 mars 1954
Ce numéro du 29 mars 1954, (date qui n'était pas encore celle de mon anniversaire, eh, je n'étais pas née !) est une ode au printemps.
Dans le ELLE vintage de la semaine dernière, Marcelle Ségal prétendait être laide. Dans ce numéro-ci, elle dit avoir mauvais caractère. Pour en être convaincue, elle a demandé à son entourage ce qu'était un bon caractère. Il semblerait que la définition de la chose se fasse en creux. En fait, avoir bon caractère, ce serait : ne pas ronchonner ; ne pas bouder ; ne pas vouloir avaoir toujours raison ; ne pas s'emballer en discutant ; ne pas être susceptible ; ne pas être nerveuse, impatiente ; ne pas se mettre en colère ; ne pas dire tout ce qu'on pense ; ne pas prendre les choses trop à coeur ; ne pas souligner le vilain côté des choses ; ne pas prophétiser des catastrophes ; ne pas se laisser écraser par les soucis ; ne pas ruminer remords, griefs, ennuis.
Côté cinéma, ELLE n'a guère été ému par le film d'André Cayatte Avant le déluge. On en retient tout de même que Marina Vlady a l'air d'un chat.
Les six aigles de la semaine font triompher le mérite, le goût et le talent français à travers le monde. Ils se nomment Lucienne Schmidt, championne du monde de slalom, Jacques Anquetil, coureur cycliste qui a remporté le plus de succès dans l'année, Renée Jeanmaire, danseuse à peine baptisée Zizi, précisé entre parenthèses, Yvonne Simon, gagnante du rallye féminin Paris-Saint-Raphaël, Léo Joannon, auteur du film le Défroqué, le plus bouleversant du moment et l'aigle de la mer, vedette de l'exposition des oiseaux, un pygarque à queue blanche de 2,25 mètres d'envergure.
Ginger Rogers vient de faire un passage à Paris et y a laissé pas moins de 45 centimètres de cheveux. Un passage à l'acte effectué sous l'influence de son mari Jacques Bergerac, épousé un an plus tôt. Avec les cheveux coupés, Ginger Rogers a l'intention de se faire fabriquer un chigon postiche et d'en lancer la mode à Hollywood.
En avril, à Paris, on porte du tweed, du jersey, de l'alpaga er du lin.
On se met aussi une touche de couleur jeune, en accessoire : rouge, rose ou même rose et rouge.
Les ensembles sont les stars de la saison : on fonce sur les sweaters et tricots.
On se promène en flanelle et gabardine grâce aux patrons Elle-Va-bien, avec des enfants sages comme des images.
On visite les musées en robe de fin jersey blanc et manteau aéré rouge vif.
Simone Baron invite les lectrices à se couvrir de fleurs.
Les marguerites clipées sont une parure ravissante pour une jeune femme très brune.
Elles calculent le temps en années lumière. Il y a en France une quarantaine de femmes astronomes. ELLE a rencontré et photographié cinq d'entre elles.
Vivement lundi prochain !
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lundi, 28 avril 2008
L'art d'être laide, le 15 juillet 1957
C'est Marcelle Ségal qui le dit, dans ce ELLE du 15 juillet 1957 : Il y a un art d'être laide. Et ajoute-t-elle "je sais de quoi je parle".
Dès le début de ce long article de quatre pages, les choses sont posées : On parle beaucoup de la beauté. Dans les journaux, on ne voit qu'elle. La beauté, pourtant, n'est qu'un rare privilège, un rêve pour la plupart des femmes. La laideur, elle, est réalité. Cette compagne ennemie nous attend au fond de chaque miroir. Chaque femme a la sienne, petite ou grande, et en souffre plus ou moins. Toutes lui font une guerre qui n'est pas toujours victorieuse et qui, comme toutes les guerres, laisse le vaincu mal en point. Certaines femmes sont détruites par leur laideur. D'autres, bien plus laides qu'elles, se portent à merveille. Elles font une belle carrière, sont entourées d'amis et, pour combles, heureuses en amour. A croire qu'il existe un art d'être laide.
Marcelle Ségal décide dit-elle, de se prendre pour objet d'étude. Et se décrit, telle qu'elle prétend s'être soudainement découverte à 9 ans, dans la glace : Je détaillai le nez à deux bosses coupé net au bout, comme à la serpe ; la lèvre supérieure trop courte, découvrant des dents trop grandes et mal plantées ; un front accidenté, l'oeil exorbité, un laxillaire brutal, le tout coupé d'une broussaille couleur poussière.
Elle décrit ensuite comment, dans une société qui n'était pas encore obsédée par l'apparence (Marcelle Ségal, née en 1896, est morte en 1998, à 102 ans, après avoir tenu durant 40 ans et jusqu'en 1987, la rubrique Courrier du coeur de ELLE), la laide de jadis ne se sentait pas coupable de négligence, ni obsédée par sa laideur. Simplement malchanceuse. Son physique n'avait pas gagné à la loterie. Elle raconte que lorsqu'elle était âgée de 20 ans, un chirurgien rencontré dans la rue lui proposa de lui refaire le nez. Elle refusa, son fiancé (j'en avais un malgré mon vilain nez), informé de ce projet, ayant fait la grimace.
Marcelle Ségal évoque ensuite le caractère relatif de la laideur, continuant de se prendre pour exemple, évoquant son enfance à Roubaix. J'ai grandi en un temps où, pour être jolie, une femme se devait d'être petite et boulotte. Le type de la laide était une femme longue et mince. (...) J'en parle savamment. J'en étais une. A Paris, chose curieuse, on ne me trouvait pas plate. La mode, déjà changeait. A cette époque, elle voyageait lentement entre Paris et la Procince. A Paris je n'étais pas mal faite. Pour le devenir, je n'avais qu'à reprendre le train.
Détaillant ensuite les beautés des laides et les laideurs de belles, elle conclut : Une laide n'est peut-être qu'une femme qui ne sait pas discerner ses beautés, obsédée qu'elle est par ce qu'elle a de laid. Cette idée fixe lui ôte les moyens et bientôt jusqu'au désir déméliorer son apparence. C'est une obsédée, une vaincue. Tandis qu'une belle n'est peut-être qu'une femme de goût, capable d'apprécier à sa juste valeur son capital physique et de l'exploiter à fond. La laideur serait-elle plus psychique que physique ? Je le crois.
Et Gainsbourg et sa beauté cachée des laids, des laids, avait-il lu un jour Marcelle Ségal ?
Que font les femmes des coureurs automobiles du Mans pendant les 24 Heures ? Joli programme, elles angoissent, explique ELLE. Elles passent par toutes les couleurs, toutes les émotions. Katie Molson, fiancée de Stirling Moss, est bouleversée, Mme Flockhart est anxieuse, Mme David Murray est énervée, elle ne sait pas encore que c'est Roy Flockhart, l'un des poulains de l'écurie de son mari, qui va remporter l'épreuve.
Mme Fangio, photographiée avec son mari, est inquiète, Mme Shell est rassérénée, la voiture d'Harry Shell, son mari, est en panne, et Monique Lucas est triomphante, son mari est arrivé troisième sur Jaguar.
Pourquoi pas vous ? se demande ELLE. Non, il ne s'agit pas d'envoyer les lectrices piloter elles-mêmes les bolides, mais de se demander pourquoi ne pas porter une tenue de travail pour homme en vacances, pourquoi ne pas mettre un zeste d'orange sur sa robe blanche, pourquoi ne pas oser la roble dos nu.
Le bourgeon de boucher est en gros coton à tout petits carreaux, il est très ample et on le porte sur un short en toile.
La veste de pâtissier est blanche mais on peut la teindre et la porter ensuite sur pantalon rayé. Le blouson du cycliste, en molleton bleu se porte dans une petite taille sur jupe et ballerines.
Une pointe d'orange, de bleu tendre ou de vert mousse vient bousculer les trop sages robes blanches.
Le Bon Magique est un set de badminton qui se range dans une trousse de plastique havane (4.430 F pour un ELLE à 50 F, soit 203,78 € pour un ELLE à 2,30 €). Il s'accompagne d'une marinière en fil d'Ecosse (2.850 F pour la version manches longues et 2.550 F pour les manches courtes) et d'une jupe plissée en rhovylon, indéformable (3.750 F)
Paresseuses, pourquoi pas, sur des coussins faits par soi, grâce à Dunlopillo. ELLE fournit les explications nécessaires.
La broderie anglaise est exquise et ne coûte pas du tout cher. ELLE invite ses lectrices à en coudre sur leurs robes.
Ne dites pas : elles font 1930 ! cela vous vieillirait, vous l'aviez oublié. Les robes dos-nu sont flatteuses, ELLE en donne les explications.
Dans la palmeraie d'El Goléa, Annick et Jacques sont des pionniers amoureux. Ils vivent en plein Sahara et en sont émerveillés. On notera que Jacques s'est mis au sarouel.
Vivement lundi prochain !
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lundi, 21 avril 2008
Agnès b. le 19 avril 1976
De tous les ELLE vintage décortiqués depuis l'été dernier (celui-ci est le 39e, eh oui !) je crois bien que ce numéro du 19 avril 1976 est celui que je préfère. Que de monde, sur la couverture ! Et une belle promesse : les astuces mode de celles qui lancent les trucs. Celles et ceux aurait été plus juste, puisqu'on trouve dans cette galerie de gens de mode plusieurs hommes, dont Karl Lagerfeld.
Qui fait bouger la mode ? Ceux qui travaillent pour elle, surtout. Stylistes, photographes, journalistes... Ils témoignent pour ELLE de leur rapport à la mode, une mode anti-mode, transposée, interprété, décalée. Un témoignage passionnant, note ELLE. Trente-deux ans après, il le reste, passionnant. De dos sur la photo ? Loulou de la Falaise.
Dans ces pages, on remarque Agnès b. laquelle est encore présentée comme Agnès Bourgois, styliste de 34 ans, qui pose axvec sa fille Yaya, 2 ans, en salopette Osh Kosh et pull chiné de laine et lurex. Agnès dessine des vêtements mais déclare ne pas vivre pour la mode. Un penchant pour le folklore et les vêtements un peu décalés par rapport à la saison, l'heure et les usages "pour casser le conformisme". Agnès l'a bien cassé, le conformisme, ce qui semble une évidence aujourd'hui ne l'était pas en 1976. Elle est ici vêtue d'une chemise de nuit ancienne et d'un blouson de cuir noir.
Et puis il y a Sacha, adepte du sport sans gêne. Sacha Van Dorsen a 35 ans, elle est photographe de mode à ELLE, elle mesure 1,76 m, elle estime que les vêtements, c'est comme les maisons, il faut que ce soit confortable. Sur la photo, elle porte un sweat marine l'envers, un pantalon chinois en toile bleu de Chine, des bottes en croûte beige, un châle en laine et mohair tricoté par sa mère et un sac de voyage en nylon.
Karl Lagerfeld est alors barbu : le vêtement essentiel, pour lui, c'est la chemise. Isabelle Rovillé, 26 ans, attachée de presse, affectionne les gilets de grand-père, Coco Jobard, 31 ans, passionnée de mode des années 40-50, écume les boutiques d'après-guerre, merceries, bonneteries, fripes et puces. Page suivante Christine Vallet, 30 ans, mère de famille se préoccupe peu de mode, elle n'est pas très mince mais "passer ma vie sur une balance, quelle horreur ! Mes habits vont avec mon corps, on s'est trouvés. Elle explique porter sans distinction des robes d'été en hiver, des jupes habillées et des blouses décolletées dès 9 h du matin, mais toujours de l'ancien et jamais de pantalon. Annabelle d'Astier, 23 ans, prépare un livre et une émission de Tv sur la peinture, elle fait quelques photos comme mannequin pour s'acheter des toiles (elle est aussi peintre). Elle porte des sandales fines avec un battle-dress et un châle Liberty.
La mode surplus a envahi la rue. Knul Bry, Norvégien, 29 ans, photographe, dessine lui-même ses vêtements, n'achète rien de neuf. Il porte une combinaison de travail avec des bottes en cuir gras et un pull jacquard à la taille.
Anne Lutz, 31 ans, coloriste et styliste, est l'auteur des croquis qui illustrent l'article. Elle porte des Levis, des pulls jacquard et se taille des écharpes dans des tissus fleuris.
Mary Russel, 35 ans, journaliste photographe, est Américaine, elle vit e, Europe depuis 12 ans. Sa garde-robe est sans aucune règle. Style garçon voyou le jour, à base de jeans. Elle change de peau comme de vie, comme un caméléon. Le soir elle se veut sexy en longs fourreaux fluides ou robes drapées.
Et puis il y a la Suédoise de l'étape. Eva Mellstrom, 35 ans, acheteuse dans un grand magasin, qui a un goût naturel pour l'anticonformisme. Important pour elle : dépenser peu. Ses sources : merceries de province, vêtements de travail, marchés, achats ramenés de l'étranger.
ELLE est allée photographier la mode liberté, tout en lin, dans l'Algarve, au Sud du Portugal.
La rubrique beauté a pour cadre l'université Paul-Valéry de Montpellier. Dans le cadre d"une formation au métier d'hôtesse d'accueil organisée pour des jeunes femmes sans travail, l'équipe de ELLE est allée les aider à améliorer leur présentation.
Une rubrique avant-après collective.
Dans les pages suivantes, le cas de sept filles est détaillé; astuces de maquillage à l'appui.
Le Bon Magique est une robe en coton artisanal rayé, avec pantalon assorti, 125 F et 70 F (pour un ELLE à 5 F, soit 57,50 € et 32,20 € pour un ELLE à 2,30 €).
Jacqueline Demornex est allée rencontrer Diana Vreeland à New York. Celle qui fut, pendant 25 ans, rédactrice en chef du magazine américain Harper's Bazaar avant de devenir pendant 10 ans, directrice de Vogue, est depuis 1971 conseillère spéciale pour l'Institut du costume du Metropolitan Museum de New York.
Dans son petit bureau laqué de rouge, Diana Vreeland a l'air d'une impératrice chinoise. Les stars sont dans la rue, dit-elle. Les gens connus n'ont plus de vie privée. La TV, les journaux, nous les mintrent sous toutes kes coutures. D'une part, ces nouveaux médias ont tué le mystère qui était le halo des stars, d'autre part, les gens en vue actuellement n'oseraient pas donner les fêtes qu'ils auraient données en privé "avant". Pour se mettre en qcène il faut un public. Un public d'amis pas de témoins qu'on n'a pas choisis.
Pas convaincue par l'anti-mode, Diana Vreeland : Ca fait partie de l'argot à la mpde. Je sais qu'il es t de bon ton de critiquer ceux qui s'habillent en haute couture. Mais moi, si je n'avais pas la haute couture pour vêtir le corps que j'ai, je ne sortirais pas du lit !
Ce qui ne l'empêche pas d'aimer le jean (et de détester le Women's Lib) : Le jean est le plus beau vêtement du monde et il s'est imposé dans le monde entier.
Côté culture, ELLE célèbre, sur une double page bien pleine, Gena Rowlands et la sortie d'Une Femme sous Influence de John Cassavetes, avec Peter Falk.
ELLE annonce la sortie du Passe-Peine, livre publié par Josane Duranteau et présentant les carnets intimes de l'écrivain Albertine Sarrazin. Sur une double-page, l'album photo d'Albertine, extraordinaire personnage, auteur de L'Astragale et de La Traversière. En 1966,elle apparaît lumineuse. Il lui reste un an à vivre.
En avril, on pense aussi jardin, et on l'installe sur son escalier.
En fin de journal, on trouve toutes sortes de petites rubriques, dont l'idée de Brigitte. Elle a 20 ans et elle se paie une brioche pas possible. Je suis grosse, grosse. Comment m'habiller ? . 1. Je me drape dans ma dignité. 2. Je me cache dans une éternelle robe indienne fourre-kilos, noire, en coton. 3. Je me noue un foulard de coton (Bon Magique, 13 F) 4. Je m'accroche un petit printemps au foulard : camélia, rose, branche d'aubépine. J'ai acheté en gros, à partir de 3,90 F hors taxe, carrément une dizaine de fleurs artificielles très chouettes. 5. Comme j'ai des mollets "normaux", c'est bien la seule chose, je me paie des chaussures dingo-berlingots. 6. J'ose des sandales suésoides en bois blanc et cuit brut (Kerstin Adolphson). 7. Je prends mon élan pour sortir avec les copains en me disant qu'après tout c'est peut-être vrai ce que dit ma mère : bien brioché, mais à croquer.
Le dos du magazine est réservé à la fiche tricot : un châle chauffe-coeur au point mousse.
Vivement lundi prochain !
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