Doucement le matin, pas trop vite non plus l'après-midi

J'aime bien Anne Boulay. Ca ne date pas d'aujourd'hui mais d'une lointaine époque où elle animait avec Gérard Lefort et Marie Colmant une émission tout ce qu'il y a de déjanté et de décalé (c'était avant qu'on n'assaisonne ce vocable à toutes les sauces), sur France Inter, il y a... au moins quinze ans.

Depuis Anne Boulay a le bon goût d'être devenue rédactrice en chef de GQ, l'un des meilleurs magazines de mode qui soit même s'il est... à destination des mecs (soit dit en passant-1, surtout parce qu'il est à destination des mecs ? soit dit en passant-2, non je fais pas de la lèche mais enfin bon, piger à GQ, doit quand même y avoir pire calvaire dans la vie, comment ça je l'ai dit ?).

Donc, j'achète GQ, de plus en plus en souvent, et je m'y plonge toujours avec un plaisir évident. Cette fois, j'ai commencé par dépiauter le petit livret fourni en supplément au numéro d'avril, bourré d'humour et d'ironie et sobrement intitulé "Les 100 choses à savoir sur le style quand on est un homme".

Ils s'y sont mis à deux, Marc Beaugé et Gonzague Dupleix, leur(s) propos étant illustrés par Jean Philippe Delhomme. Leurs propos au pluriel, donc, le moins qu'on puisse dire étant qu'on relève dans ce tour de la question du style nombre de contradictions qui ne doivent probablement pas tout à l'humour et à l'ironie.

Non, je crois ça va vraiment pas être possible, là.

Euh, là non plus.

Moustaches et barbes fournies, moi je peux pas.

Ces deux images sont extraites de GQ qui consacre sa rubrique beauté de février aux nouveaux usages du poil. Du poil des mecs. Ca nous change des foufounistas.

Avec l'été, j'ai le temps de feuilleter encore plus de presse que d'ordinaire. Ce qui n'est pas peu dire. J'ai donc racheté GQ, qui, lors de son lancement, ne m'avait pas davantage convaincue que Grazia.

Ouvrir GQ, pour moi, c'est afficher un état d'esprit un peu narquois du genre de celui d'un mec qui ouvre un ELLE comme ça en passant : mais qu'est-ce qu'on leur raconte comme conneries ?

On leur raconte que les femmes trouvent les gros plus sexy.

Plus sexy ? Perso, je suis moyennement convaincue au vu des six pages de lourds arguments déployés par ces messieurs. Mais je note que chez les mecs, on appelle un gros, un gros. Pour pas un rond.

Un qui n'est pas (plus) gros et garde l'esprit acéré, c'est Lagerfeld. Il a tendance à beaucoup se répéter, mais son interview fleuve par l'agaçant Beigbeder (qui le tutoie) se laisse lire (et gloire à un magazine qui n'a pas peur des interviews de plus de 1327 signes) et recèle ce pesant de vacheries sans lesquelles Lagerfeld ne serait pas Lagerfeld :

- Tu es dans un métier de création, tu as affaire à beaucoup d'angoisses...

- Qu'est ce-que c'est que cette histoire ? Tu as lu trop d'articles sur Saint Laurent. Tout ce qu'on écrit sur Saint Laurent n'a aucun rapport avec la réalité. C'est sûr, il a fait la même collection pendant vingt ans, alors je comprends qu'à la fin il était angoissé.

Mais ce que je poréfère de loin dans ce GQ, c'est la rubrique de Marc Beaugé, illustrée par Jean-Philippe Delhomme.